L'Ordre des Chevaliers Divins
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L'Ordre des Chevaliers Divins

L'Ordre des Chevaliers Divins regroupe nombre de soldats plus ou moins expérimentés mais se battant pour une cause juste, Dieu.
 
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 Immunité diplomatique

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*chaos*
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Votre Chevalier
Nom: Adrian Gordon
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MessageSujet: Re: Immunité diplomatique   Immunité diplomatique - Page 2 Icon_minitimeLun 25 Juin - 13:43

14 mars 1153

Eudes contemplait avec amusement les murs de Fort Vouivre, comptant les créneaux manquant et pensant que bientôt il n’en resterait plus aucun debout, il songea que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus vu le moindre défenseur sur le chemin de garde, et regretta amèrement de ne pas disposer d’assez d’hommes pour monter à l’assaut des murailles.
Un peu désenchanté par ce constat, il observa un instant la cinquantaine de soldats dont il avait le commandement : des guerriers luttant pour Gregory depuis des années, tous équipés de leurs lourdes cotes de mailles, ils patientaient à l’ombre des arbres depuis plusieurs heures, ne se séparant pas de leurs armes, prêts à se mettre en marche instantanément.
Selon le normand, ils pouvaient encore attendre bien longtemps, les toulousains n’avaient visiblement pas l’intention de tenter quoi que ce soit. Un craquement brusque fit sursauter le mercenaire : l’une des catapultes venait de se briser, les cordes trop tendues par les ingénieurs avaient finis par venir à bout du bois,rendu cassant par l’exposition au soleil et des années de bons et loyaux services.
Le normand songea que l’intendant de l’ordre serait sûrement d’une bien mauvaise humeur quand il apprendrait que déjà cinq de ses engins avaient finis en morceau, ceci dis, vu le rythme incessant auquel les machines fonctionnaient depuis des jours,cela n’avait rien d’étonnant.
Une semaine très exactement que les balistes et catapultes pilonnaient la citadelle ennemie, une semaine que les serviteurs de Gregory de Caen abattaient des dizaines d’arbres par jour afin de constituer les projectiles des balistes, et que d’autres se rendaient à la carrière toute proche, se détruisant la santé à porté des lourds paniers d’osier, dont la plupart du contenu serait impropre à l’usage des catapultes…
Selon Eudes, il aurait tout de même été plus humain de leur expliquer comment choisir les bonnes roches et évitant ainsi des trajets inutiles, mais l’intendant avait rétorqué que le taillage des pierres contribuerait à maintenir l’illusion selon laquelle ces hommes étaient des ouvriers professionnels, et non pas de simple paysans. Le normand considérant un pauvre être ployant sous la charge et s’empêtrant dans les plis de sa tunique, estimait un peu gros d’essayer de faire croire aux toulousains que ces hommes pouvaient faire partie de l’ordre, pourtant il semblait que le stratagème fonctionnait.
Alors que depuis cinq jours le gros de l’armée avait quitté le siège afin d’entraver la marche du seigneur de Limoux, les habitants de fort Vouivre n’avaient remarqués aucun changement, enfermés dans la citadelle,il est vrai qu’ils n’avaient guère l’occasion de contempler le campement de l’ordre.
De plus le fait que chacun, qu’il soit paysans, cuisiniers ou même forgeron,ai été contraint de revêtir les armoiries de l’ordre,et de simuler aussi bien les entraînements que les préparatifs de siège, n’était sans doute pas étranger à l’oisiveté des toulousains. Le stratagème était efficace mais Eudes se demandait tout de même s’il serait capable avec ses cinquante hommes de repousser les adversaires lorsqu’ils se rendraient compte de la supercherie, Gordon et Caen lui avaient assurés que oui, mais cette affirmation ne leur coûtait pas grand-chose…
Le normand sourit largement en imaginant les querelles que l’inactivité ne manquerait pas de déclancher entre ses deux supérieurs, tous deux habitués à commander seuls et à ne se fier qu’à leurs propres capacités.


Eudes aurait certainement été étonné de constater à quels point les deux commandants de l’ordre s’entendaient bien au final, c’est en effet une surprenante harmonie qui régnait dans le campement provisoire de l’ordre, situé juste en face des positions toulousaines et uniquement séparé de celles-ci par l’Aude.
Ce fleuve fougueux était en partie responsable de l’interminable tête à tête que se livraient les deux armées depuis plusieurs jours, les deux autres coupables étant Adrian Gordon et Gregory de Caen. Les deux généraux étaient en effet parvenus à stopper la progression de l’armée ennemie et à la contraindre à stopper sa progression, tirant partis autant du terrain que de l’extrême prudence de leur ennemi : Lionel Le Narbonnais. Ce dernier n’osait en effet guère franchir les flots, rendus puissants par les dernières intempéries et il ne pouvait plus guère compté sur les nombreux ponts qui existaient encore quelques jours plus tôt, mais qui depuis lors avaient été réduits en cendre par les infatigables cavaliers de Gordon. Tandis que l’écossais et ses hommes parcouraient les environs pour anéantir les structures de bois, Gregory avait établis ses quartiers près des gués les plus faciles à franchir, il avait ainsi pu intercepter l’avant-garde d’une cinquantaine de cavalier, envoyés en reconnaissance par Le Narbonnais et dont la disparition avait réveillé la méfiance. Privé de sa force de cavalerie, Lionel avait profité de la connaissance de la région de plusieurs de ses soldats pour se diriger vers une agréable plage de galets, en face de laquelle se tenaient malheureusement les forces de l’ordre de Saint-Christophe, aucun des mouvements toulousains n’échappant aux éclaireurs de Caen. Conscient de l’état de fatigue dans lequel se trouvaient ses hommes après la longue marche depuis Limoux, le noble toulousain avait préféré leur accorder quelques repos, bien mal lui en pris. En effet en cas d’assaut direct sur les positions de l’ordre, il aurait disposé d’un avantage numérique totalement écrasant, le répit accordé à ses soldats avait permis aux troupes dispersées de Gordon de rejoindre le gros de l’armée, ainsi bien que le rapport de force soit encore largement favorable au toulousain, il faisait face à présent à un ennemi solidement retranché et disposant de troupes reposées. Cette situation n’était pourtant favorable à aucune des deux armées, qui rencontraient toutes deux des difficultés assez semblables. Le temps autant que le ravitaillement manquaient aux deux adversaires, en effet du coté toulousain, Lionel avait mobiliser un troupe d’environ six cents hommes, ce qui nécessitait une quantité de vivre assez phénoménale , du côté de l’ordre bien que seulement trois cents cinquante soldats soient présent, ils ne disposaient d’aucune vivres supplémentaires que celles-dont ils s’étaient emparés avant de débuter la marche forcée. La difficulté reposait du côté de l’ordre sur le fait que le départ du train de bagage risquait d’alerter les hommes emprisonnés à Fort Vouivre, qui comprendraient aisément qu’aucune raison ne pouvait pousser le commandement adverse à se priver de ses ressources alors qu’il avait une armée à nourrir. Du coté toulousain, il semblait difficile d’aller réquisitionner des vivres à Limoux alors que des restrictions déjà fort strictes avaient été ordonnées, la population locale étant particulièrement importante par rapport aux ressources récoltées. Il est vrai qu’une foule de paysan avait progressivement élu domicile au sein de la cité fortifiée au fur et mesure que les récits concernant les massacres exercés par Gordon et ses sbires se répandaient dans la région, les nouveaux arrivants ne possédant pratiquement rien mais constituant autant de bouches à nourrir, ils étaient une véritable malédiction pour le dirigeant de Limoux.
Le temps était aussi un adversaire de taille, non pas uniquement car il impliquait la diminution des ressources dont disposaient les armées, mais Gregory de Caen redoutait à chaque instant de voir un homme arrivé lui annonçant que le siège de Fort Vouivre avait été brisé, Lionel le Narbonnais quant à lui craignait qu’au contraire ce fut un rescapé qui traverse les lignes ennemies et lui annonce la reddition du fort. Tandis que le Narbonnais tentait de mettre au point un stratagème pour traverser le fleuve, l’intendant de l’ordre et le démon du nord tenaient un conseil stratégique regroupant l’ensemble de leurs officiers. Adrian Gordon n’était pour sa part accompagné que de Shiva, du sergent Ulrich et de son intendant Romuald, du côté de Gregory , une foule d’hommes étaient présents, dont Ceri de Glamorgann ainsi que d’autres officiers présents dans les rangs de l’ordre depuis plusieurs années, ayant survécus à la fois à la Hongrie et à l’empire byzantin, Gordon s’étonnait qu’autant de vétérans soient réunis sous les ordres de Gregory alors que celui-ci n’avait participer à aucune des dernières campagnes. L’intendant de l’ordre lui avait expliqué que c’était Renald en personne qui avait ordonné que ces hommes rejoignent cette armée, donnant l’impression qu’ils représentaient un fardeau, hors ces hommes étaient pour la plupart des guerriers chevronnés ,ayant souvent fait leurs preuves et sur lesquels on pouvait compter… L’intendant avait eu l’occasion de parler à plusieurs d’entre eux et n’avait pu que s’enthousiasmer de la présence dans ces rangs d’hommes à la fois aussi vaillants et intègres, au fur et à mesure il comprenait cependant mieux pourquoi il lui avait été ordonné de toujours placé ces officiers en première ligne : Renald désirait leur mort le plus rapidement possible, mais était néanmoins désireux de les utiliser une dernière fois pour emporter dans la tombe autant d’ennemis que possible. En homme de secret, Gregory avait préféré conserver ses réflexions pour lui-même, tout en se découvrant un certain respect pour ces hommes qui sans doute avaient bravés l’autorité du grand maitre à mainte reprises , pour se retrouver à ce point en disgrâce, c’est pour cette raison qu’il avait désiré connaître les opinions de ces hommes sur la tactique à employer face aux toulousains, après tout il s’agissait des premiers concernés. Devant l’éminence des combats, le normand avait délaissé sa tenue de chasse pour s’armer lourdement : une solide veste clouté et matelassé protégeait son corps, recouvert en grande partie par des fines plaques d’acier, placées de manière à minimiser les dégâts des attaques de tailles, ses mains étaient emprisonnées dans des gantelets d’aciers noircis, ses jambes étaient elles aussi bardées de fer, munis de tout cet attirail, l’intendant semblait encore plus large que de coutume. Il se tenait debout, très droit de manière à sembler aussi grands que l’homme se trouvant à sa gauche : Adrian Gordon, toujours équipés de son gambison et de sa tunique de maille serrait contre lui ses deux avant-bras, en partie dissimulée par sa célèbre cape de fourrure noire. Ces deux colosses aux cheveux longs et à la barbe hirsute ressemblaient davantage à quelques divinités nordiques qu’à des généraux, d’ailleurs lorsque l’intendant prit la parole, cette dernière avait la puissance du tonnerre :
- Mes amis, depuis des jours nous demeurons inactifs, attendant que notre ennemi se découvre un courage dont il semble totalement dépourvu… Il est temps de réagir.

Chacun approuva de la tête, en hommes d’actions ils supportaient mal ce repos forcés, et savaient parfaitement à quel point il pouvait altérer la combativité des soldats, Gregory continua sur le même ton, ayant visiblement préparé son discours :

- Le capitaine Gordon et moi-même avons établis plusieurs tactiques afin de dégeler cette situation, nous en avons retenus deux qui nous semblent à la fois réalisables et qui pourraient nous assurer la victoire, ou du moins nous en rapprocher.

Les hommes demeuraient silencieux, visiblement impatients, les plus expérimentés semblaient toute fois un peu inquiets, plusieurs fronçant les sourcils en se demandant en quoi allait constituer la difficulté, car si l’on avait réclamé leurs avis, ce qu’un problème se posait, Gregory leur donna raison en enchainant :

- Malheureusement, nos avis divergent sur la stratégie à appliquer, c’est pour cela que nous vous avons réunis, afin de voter quel plan nous mettrons en œuvre, tous deux semblent excellents mais demeurent risqués.

Un silence assez pesant suivit, les officiers semblaient embarrassés, un profond malaise les rendait muet alors que tous avaient envie de déclarer la même chose :

- Ne risquons-nous pas de nous attirer les foudres d’un de nos deux généraux en ne votant pas pour sa stratégie ? La liberté d’expression n’est pas exactement à la fête ces derniers temps au sein de l’ordre…

Gordon foudroya du regard celui qui venait de parler et qui avait prononcé sa dernière phrase avec une ironie qui ressemblait assez fort à de l’insubordination, Ceri de Glamorgann cependant souriait et ne semblait guère mesuré l’ampleur de ses paroles, l’écossais riposta :

- C’est sans doute pour éviter d’entendre trop d’imbécillités que tous ne sont pas autorisés à prendre la parole, nous devrions peut appliquer cette mesure au sein de cette armée ci-également.

L’intendant visiblement contrarié pris la parole afin de mettre un terme à la joute verbale et d’un ton apaisant déclara :

- Soyez sans craintes, nous allons conjointement proposer les deux tactiques retenues, et ce sans vous indiquer lequel d’entre nous l’a proposé, ainsi vos votes demeureront pleinement objectifs et aucun d’entre nous ne pourras s’en offusquer.

Les officiers manifestèrent leur approbation en hochant du chef, Gregory fit un signe de tête pour inviter son homologue à commencer à expliquer les stratégies envisagées, il décroisa ses bras et commença à arpenter la tente de son pas rapide, forçant chacun à se retourner pour le suivre du regard, après un instant il déclara :

- Comme vous le savez, la garnison de fort Vouivre est aux abois, depuis le début de notre pilonnage, ils se terrent à l’intérieur de leurs murs, ayant pour seul espoir que l’armée de Limoux ne renverse nos positions.

Personne ne broncha devant cette évidence, certains semblaient pourtant réfléchir, analysant les termes employés par le nordique, décortiquant ses phrases pour tout de même s’assurer si ce plan était le sien ou non, mus par un instinct de protection involontaire.

- Nous pourrions tout à fait, au profit d’une marche nocturne rejoindre nos positions et monté à l’assaut des murs, nous en emparant sans coups-férir et enfermant ainsi les défenseurs dans leurs donjons, celui-ci ne comportant que quelques entrées, cela ne serait guère difficile, du moins si nous parvenons à les prendre par surprise.

Un officier, déjà grisonnant et de petite taille réclama la parole en levant une main gantée et interrogea :

- Si l’opération est si aisée, pourquoi ne pas en charger nos hommes toujours présent sur place ? Apres tout il ne s’agit que de barricader quelques portes…

Gregory répliqua :

- Cela peut sembler aisé, mais il est pratiquement certains que nos adversaires, lorsque leurs forces commenceront à les abandonner, tenteront une sortie désespérée, ils sont toujours plus nombreux que notre contingent, et au bord de l’anéantissement, ils déploieront sans doute une combativité hors du commun, et risquent fort de balayer les nôtres… Du moins si nous ne leurs envoyons pas des renforts.

Gordon rétorqua à son tour :

- Or, il est impossible de dégarnir notre position et de nous focaliser sur Vouivre, sans quoi ceux d’en face comprendront que la partie est perdue et rentreront à Limoux pour la défendre.

L’officier visiblement peu convaincu demanda :
- Et en quoi cela serait-il une mauvaise chose ? Ne vaut-il pas mieux éliminer en premier les adversaires que nous avons dans le dos avant de nous soucier de ceux qui nous font face ?


Plusieurs personnes approuvèrent ce raisonnement à la fois basique et plein de bon sens, qui fit rugir le démon du Nord :

- Nous avons l’occasion d’anéantir l’armées de Limoux, de tuer d’un seul coup six-cents de ces chiens ! Apres deux semaines nous n’avons réussi qu’à en anéantir une trentaine sur la garnison de Vouivre, combien de temps pensez-vous qu’il nous faudra pour en étriper six-cents ?

Le vétéran frissonna devant la fureur du colosse, se refusant néanmoins à baisser les yeux, conscient que tous les regards demeuraient braqués sur lui, de plus chacun songeait que l’argument de Gordon était celui d’un cavalier, ces gens qui haïssent les guerres de siège plus que tout.

- Le capitaine Gordon a raison, nous devons à tout prix venir à bout de l’armée de Limoux, l’armée principale dirigée par le Grand Maitre est déjà en train d’assiéger Fort Flamme. Si nous mettons le siège devant Limoux, avec les effectifs dont nous disposons, nous ne serons pas même capables d’encercler leurs murailles, et nos ennemis seront libres de tout mouvement tandis que les nôtres maudiront notre impuissance.

Parler d’impuissance devant une troupe d’homme est sans doute la meilleure manière pour les révolter, ce raisonnement simple se vérifia tandis que presque tous les officiers semblaient avoir rejoint l’avis des généraux, Glamorgann remarqua poliment :

- Mais si nous parvenons de toute façon à prendre le fort, il est pratiquement certains que ceux de Limoux se replieront.

- Pas si nous laissons un messager toulousain les informer que leurs alliés ne sont qu’encerclés, et qu’ils peuvent donc les secourir, s’ils se prennent au jeu nous pourrons réunir toutes nos forces au sein de Fort Vouivre et utilisé leurs propres défenses contre eux, et ainsi le mettre en pièce.

Gregory semblait si convaincu en prononçant ses mots que chacun fut assuré que c’était de lui qu’émanait ce plan, d’autant plus lorsque Gordon remarqua :

- Ce qui n’est absolument pas certains, ce plan est donc peu risqué d’un point de vue des pertes subies, mais a environ autant de chance de succès que d’échec.

Les officiers ne bronchèrent pas, estimant que c’était un pourcentage assez satisfaisant, de plus ils doutaient que la destruction de l’armée de Limoux soit si urgente que cela, après tout quelles fortifications pourraient bien résister aux superbes machines de siège de l’intendant ?
Ils ignoraient il est vrai que la majorité de ces dernières avaient été réduites à l’état de petit bois, et que les murs de Limoux étaient parmi les plus solides de la région.

- Quel est le second plan ?

Ce fut la voix de Shiva qui fit taire le brouhaha qui progressivement s’était installé dans la tente de commandement, les deux généraux se plaçant côte à côte et l’intendant continua :

- Le fleuve de l’Aude qui se trouve devant nous est peu profond malgré les dernières pluies, c’est du moins le cas à cet endroit, il est donc possible pour un cavalier de le traverser sans trop de difficulté, c’est en revanche impossible à un fantassin, ou du moins cela demeurerait fort dangereux.

Les officiers redevinrent silencieux, et à nouveaux froncèrent les sourcils, cette fois ils avaient compris quelle serait la suite, et étaient aussi peu enthousiasme que certains de l’identité de la personne dont l’esprit malade avait pu concevoir la tactique suivante :

- Nous pourrions donc, à la faveur de la nuit, utiliser nos nombreuses montures pour faire passer l’ensemble de l’armée sur la rive opposée, l’opération serait longue, vu qu’elle nécessiterait d’être réalisée dans le plus grand secret et qu’il faudrait s’éloigner considérablement du campement pour qu’elle demeure secrète mais elle permettrait d’encercler les ennemis, et de les forcer à combattre.

Les hommes semblaient amusé par l’idée, après tout il s’agissait donc de faire franchir un fleuve en crue, a plus de trois cents hommes, de nui et sans faire le moindre bruit, pour ensuite les faire combattre contre un ennemi supérieur en nombre, et ce sans avoir fermé l’œil de la nuit.
Si la farfelu qui avait imaginé ce plan n’avait pas été un individu de près de deux mètres, armés d’un arsenal considérable et ayant la réputation d’être aussi susceptible que sanguinaire, il est probable que tous se seraient esclaffés, à la place l’on passa au vote, les deux généraux ne pouvant y participer, le premier plan remporta le scrutin à la majorité, seuls les deux officiers de Gordon ayant choisis le second.
Les vétérans quittèrent la tente un à un, saluant leurs supérieurs et se précipitant ensuite vers leurs tentes de toiles, pour la plupart ravis de la certitude que l’action était pour le lendemain, bientôt les deux commandants demeuraient seuls, Gregory remarqua, aigre :

- Ce sont des lâches… Je m’attendais à plus de courage de leur part.

Gordon se servant une pinte de bière à un petit tonnelet remarqua :

- Je vous avais prévenus, laisser le choix aux officiers est impossible, ils tiennent trop à la vie de leurs hommes pour prendre des risques.

Gregory se laissa tomber lourdement sur un tabouret, acceptant le récipient offert par son compagnon d’où une mousse onctueuse menaçait de s’écrouler, il ne but cependant pas et continua d’un ton morne :

- Pourtant, tous ces officiers sont des braves, je suis déçu.

Gordon haussa les épaules et répliqua :

- Dans tous les cas, maintenant que je sais qu’ils désapprouvent votre plan, je l’apprécie de plus en plus, il faut rappeler à ces hommes qu’ils ne sont pas des crétins de toulousains qui peuvent se permettre de toujours choisir la facilité, c’est à force de laisser ses vassaux faire leurs propres choix que Raymond se retrouve au bord du précipice, la leçon est trop récente pour ne pas être retenue.

Ce disant, l’écossais but une longue rasade du breuvage qu’il affectionnait tant, ses longues moustaches furent maculées de mousses, ce que remarqua Gregory, il demanda d’un ton à présent décidé :

- Alors c’est entendu ? Vous m’approuvez ?

Adrian hocha de la tête, vida d’un trait sa choppe et se dirigea vers la sortie en concluant l’entretien :

- Mais vous avez tout de même perdu votre pari.

Gregory de Caen sourit, avant de tirer un long couteau de chasse fixé à sa ceinture, d’un coup sec il envoya valser la mousse débordant du bord de sa pinte, il but une petite rasade et agrippa ensuite d’une main ferme sa longue barbe.

Les chevaliers de l’ordre de Saint-Christophe eurent bien du mal à reconnaître le lion normand lorsqu’au lever du soleil, il inspecta le campement, sa fameuse crinière avait disparu, sur son heaume en revanche figurait une très longue mèche de cheveux, tressée à la manière des crins ornant autrefois les casques des saxons et autres barbares venus du Nord.
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SquallDiVeneta
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MessageSujet: Re: Immunité diplomatique   Immunité diplomatique - Page 2 Icon_minitimeMar 26 Juin - 2:01

Je ne pensais pas qu'Adrian et Grégory s'entendraient aussi bien, mais d'un autre côté ça change de voir un semblant de complicité entre la brute et un autre général, autre que Rénald. Shocked
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MessageSujet: Re: Immunité diplomatique   Immunité diplomatique - Page 2 Icon_minitimeMar 26 Juin - 18:06

Ben je trouvais que leurs tempéraments pouvaient assez bien se compléter,et puis vu le complot contre Antoine, ca peut facilement dégénérer,donc si je me lasse c'est vite fait MrGreen
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MessageSujet: Re: Immunité diplomatique   Immunité diplomatique - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Sep - 13:28

16 mars 1153

Adrian Gordon s’assura une dernière fois que les sangles fixant ses rondaches sur ses avant-bras étaient suffisamment serrées, de la main gauche il tira de son fourreau la terrible sweihander, avant de faire avancer de quelques pas sa monture, se plaçant ainsi aux cotés de Gregory de Caen.
Ce dernier, coiffé de son heaume si reconnaissable testait la corde de son arc, une arme qui n’avait rien d’occidental : semblable à ceux utilisés par les turcs et les perses avant eux, il était même ornée au niveau de la poignée, d’un petit croissant de lune.

-J’ignorais que vous étiez musulman…

L’intendant se retourna, rayonnant et répondit d’un ton enjoué :

- Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’est pas à Jérusalem, que j’ai acheté ce petit bijou mais à Gennes, c’est moins loin mais je pense que le dernier des infidèles ne peut pas être pires voleurs que les génois !

Gordon sourit avant de jeter un œil au reste de l’armement de Gregory, son épée était en réalité un cimeterre, sa large lame étant capable sans difficulté de trancher un membre, quand à l’arme qui était planté dans le sol à ses côtés, elle était totalement inconnue à l’écossais. Constitué d’un manche assez longs, cette sorte de lance ne possédait pas une extrémité en feuille de chênes comme la majorité des vouges, mais en croissant, la lame était extrêmement large et pointue. L’objet ressemblait assez à l’arme utilisée par Shiva, mais si la hallebarde utilisée par l’amazone était de fabrication artisanale et destinée surtout à frapper d’estoc, la gigantesque lame devait permettre de frapper aussi bien de taille, vu que le tranchant ressemblait assez à celui d’une hache.

- D’où provient donc cette lance ? Je n’ai jamais rien vu de tel…

Gregory décidément d’humeur enjouée, il expliqua tout en encochant une flèche :

- Cela, c’est un cadeau d’un homme qui luttait sous mes ordres et qui était originaire de Livonie, ou plutôt une réplique vu que j’ai perdu l’arme en question il y a déjà quelques années.

Gordon ne répondit rien, son attention étant maintenant focalisée sur les toulousains qui commençaient frileusement à avancer dans les eaux de l’Aude, particulièrement boueuse mais dont le niveau n’était guère élevé, l’eau n’arrivait en effet qu’aux genoux des premiers hommes à s’être risqué à traverser. Les dernières pluies avaient en effet rendu les stratégies imaginées par Gregory de Caen quelques jours plus tôt, irréalisable, en effet un orage terrible avait frappé la contrée pendant presque une journée entière.
Les eaux avaient montées, et se déchainaient avec une telle fougue qu’il aurait été impossible de faire traverser les flots aux montures, des coulées de boue avait en plus rendu l’eau impropre à la consommation. Les pluies diluviennes avaient minées le moral des deux armées, les hommes étaient las de rester couchés à même le sol, transformé en un énorme bourbier, las de se retourner sans cesse pour éviter les goutes tombant en abondance à travers les toiles percées, et surtout, las de n’avoir rien à se mettre sous la dent.
Du coté de Toulouse, les hommes étaient si mécontents que certains avaient déjà créé des délégations chargées de négocier le retour à Limoux avec Lionel le Narbonnais, ce dernier était tenté d’accepter, mais son orgueil souffrait à l’idée de rentrer ainsi sans combattre.
Dans le camp de l’ordre, les hommes étaient suffisamment aguerris pour endurer les privations mais cependant, la majorité rêvait de rejoindre Fort Vouivre et de s’en emparer, d’avoir ainsi un abri en attendant que les cieux soient plus cléments, mais surtout ils voulaient en découdre, quelques que soit l’ennemi. Lorsqu’enfin les pluies avaient cessés, après une nuit interminable durant laquelle pratiquement personne n’avait fermé l’œil, chacun fut sidéré de voir que le niveau des flots, loin d’avoir augmenté, avait au contraire très largement baissé.
L’explication à ce miracle fut rapporté par un éclaireur et était à la fois simple et irritante : suite à l’affaissement d’une des rives un peu en amont, un barrage naturel s’était formé et obstruait le cour du fleuve, tous les débris arrachés par l’orage s’amassant sur quelques arbres. Si du côté toulousain, l’on était ravis devant ce miracle de la nature, on songeait avec amertume que ce que dieu avait fait, le commandant aurait pu l’ordonné pas mal de jour plus tôt, la création d’un barrage n’aurait certes guère couté beaucoup de temps et d’efforts à six-cents hommes décidés. Au sein du campement de l’ordre, l’idée d’effectuer une tache juste digne de paysans n’effleurait certes pas les hommes d’armes, mais à présent que l’ennemi étaient accessible, ils fulminaient, attendant un ordre qui ne venait pas : celui de se lancer à l’assaut.
Les combattants auraient surement été moins impatients en sachant que l’ennemi était près de deux fois supérieures en nombre, mais leurs commandants leur avaient soigneusement dissimulé ce fait afin de ne pas refroidir leurs ardeurs guerrières. Lorsqu’enfin les ennemis s’étaient alignés et placés en position de combat, l’étonnement saisis pourtant les combattants de Saint-Christophe, qui durent bien constater que la formation adverse était particulièrement étendue.
A l’approche de la bataille, Gregory et Adrian tentaient de définir la meilleure manière de résister à la vague d’homme qui s’apprêtait à déferler sur eux.
Leurs archers avaient été placés en première ligne, très en avant des fantassins et étaient suffisamment espacés les uns des autres pour ne pas se gêner, l’absence de cavalerie en face les mettaient à l’abri et ils pourraient arroser les ennemis durant toute la durée de la traversée du fleuve. Vu la cadence de tir des cinquante gallois, il était probable qu’ils parviennent à infliger des dégâts considérables, quant aux auxiliaires dès que l’adversaire aurait franchis la moitié des flots, ils accourraient afin de s’emparer de leurs montures, et sous les ordres de Shiva contourneraient largement les toulousains pour se placer sur leurs arrières.
Cette stratégie selon Gordon devrait permettre aux auxiliaires d’émoustiller l’arrière garde toulousaine, et de percer la mêlée lorsque celle-ci tournerait au désavantage de l’ordre, ce qui arriverait immanquablement.
La question était de savoir si l’infanterie tiendrait même suffisamment pour appliquer ce stratagème, en effet face aux innombrables toulousains, l’ordre de Saint-Christophe n’alignait que deux cents piéton, plus les gardes d’élites de deux commandants, soit les vingt faucheurs de Gordon et trente hommes d’armes très lourdement cuirassés pour Gregory.
Les deux cents fantassins soit les vétérans de l’intendant étaient équipés de leurs armures de cuirs, de leurs petits boucliers et des épées courtes, quelques fois un peu différemment mais aucun n’était muni des écus, cotte de maille et autres protections qui luisaient à présent tout le long de la ligne de front ennemie.
Gordon avait souvent en l’envie d’éprouver son désappointement voir sa rage face à la désinvolture dont avait fait preuve Gregory à propos de l’équipement de ses hommes, mais ce dernier lui avait certifié qu’il n’avait pas à s’en faire…
L’intendant depuis qu’il avait remarqué la composition des rangs adverses semblait néanmoins avoir perdu un peu de sa confiance, ceux-ci étaient en effet organisés avec un soin qui prouvait assez que l’ennemi du jour était tout sauf un incompétent, et que si le sens de l’initiative lui manquait, celui de l’organisation était indéniable.
Le Narbonnais avait en effet soigneusement positionné ses hommes sur trois rangs, créant ainsi une ligne de front assez large pour permettre un encerclement mais aussi suffisamment solide pour résister à d’éventuels attaques.
Ses troupes étant en petite partie composée de miliciens peu aguerris, il avait pris soin de les répartir au sein d’unité composées de soldats ayant déjà fait couler le sang, ses troupes étaient, depuis Limoux et même avant, durant les entrainements, divisés en trente groupes de vingt hommes, avec à chaque fois un officier subalterne qui en assurait le commandement.
Ce système similaire à celui des centuries de la glorieuse Rome avait permis d’encadrer les éléments les moins fiables et d’éviter en les regroupant qu’ils ne sapent le moral de l’armée, à la place les miliciens se retrouvaient aux côtés d’hommes aguerris qui leurs expliquaient comme survivre et surtout les traitaient avec suffisamment de mépris pour qu’ils soient désireux de faire leurs preuves à leurs tours.
Ce système ingénieux avait permis aux troupes de se mettre rapidement en position, de plus les miliciens étaient presque tous placés sur la seconde ligne, cela les empêchait de fuir, et leurs vouges pouvaient ainsi servir sans qu’ils risquent grand-chose, et cas de charge de cavalerie, c’était également un positionnement optimal.
Ces dispositions avaient considérablement impressionnées les commandants de l’ordre, mais pas au point de les faire respecter leur adversaire, quand soudain Lionel le Narbonnais perça les rangs de ses hommes sous une énorme ovation, accompagnés d’une cinquantaine d’hommes, tous revêtus de tuniques et équipés d’écus aux couleurs de Limoux, et surtout marchant pied à terre, les deux généraux durent bien admettre, que leur ennemi était visiblement un homme de valeur. Gordon surtout, qui avait eu l’occasion de croiser le fer avec tant de toulousains au cours des derniers mois, songeait que si tous les officiers qu’il avait eu à combattre avait été de la trempe de celui-ci, il aurait mordus la poussière depuis bien longtemps.
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Votre Chevalier
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MessageSujet: Re: Immunité diplomatique   Immunité diplomatique - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Sep - 13:29

D’un pas décidé, le noble et sa suite pénétrèrent dans les eaux boueuses de l’Aude, imités par le reste de l’armée qui s’écarta, de manière à incorporer en son sein l’unité du commandant, et débuta une lente progression.
Derrière l’armée se tenait toujours son campement, le seigneur de Limoux avait décidé de le laisser en place afin que ses hommes puissent célébrer ou rejoindre leurs couches dès la fin de la bataille, des chirurgiens barbiers étaient également présents afin de s’occuper des blessés. Si cette attention à l’égard de ses hommes avait valu à Lionel l’affection de ceux-ci, elle lui avait valu les quolibets et le mépris des chevaliers de l’ordre, qui eux ne disposant de pratiquement rien étaient toujours prêt à manœuvrer ou à combattre à chaque instant. Un enthousiasme mêlé d’appréhension régnait parmi les rangs, Gordon situé à l’extrémité du flanc gauche demeurait impassible, juché sur son destrier, il observait Gregory de Caen, courant de droite à gauche pour encourager ses soldats, ceux-ci riaient à ses boutades et à ses remarques grivoises, sans pour autant sembler en confiance, eux qui attendaient si impatiemment la bataille, ils semblaient à présent redouter la mêlée prochaine. Adrian vit soudainement Shiva, se tenant aux côtés des auxiliaires, elle s’adressa à un archer gallois qui s’avança, levant son arc et tirant un trait qui s’envola très haut avant d’atterrir dans les flots, le projectile était si long que l’empennage dépassait encore de l’eau, et chacun remarqua qu’il n’était situé qu’a quelques mètres de la masse toulousaine. Ces derniers avaient d’ailleurs stoppés leurs avancées, visiblement très impressionnés par la portée de tirailleurs gallois. L’intendant de l’ordre de Saint-Christophe, devant la réaction adverse partit d’un grand rire, et s’adressant à ses hommes clama :

- Voyez ces braves, qui barbotant dans leur flotte refusent d’avancer, je pense qu’ils viennent de comprendre à qui ils ont affaire !

Ce disant, le général rejoignit l’archer gallois, lui tapant sur l’épaule et tirant un long trait du carquois de l’homme, il prit ensuite l’arc de ses mains et l’arma, utilisant sa force colossale, le gallois demeurait stupéfait en contemplant le bois, se pliant de plus en plus avant de finalement libérer le trait qui fila bien au-delà des lignes ennemies. Les hommes, galvanisés par la force de leur commandant poussèrent de grands cris, frappant leurs lames contre leurs boucliers et raillant les toulousains qui ne bougeaient toujours pas.
Tandis que Gregory rejoignait sa garde, Adrian pensant à voix haute, murmurait :

- Cet homme est décidément dangereux…

Lionel le Narbonnais, sans doute pensait de même lorsqu’il ordonna à ses hommes de se placer devant lui, s’enfonçant plus en arrière dans la formation afin d’éviter les traits à venir, il ordonna ensuite que l’armée reprenne sa marche, ce qui fut fait.
D’un même mouvement, les hommes se mirent en marche, avançant d’un pas prudent, le lit du fleuve originellement couvert de galet était à présent recouvert d’une importante couche de vase, dans laquelle les hommes lourdement équipés se débâtaient, tentant tant bien que mal de progresser.
Bientôt, en plus de l’obstacle naturel, ce fut un barrage de flèches qui ralentit encore l’armée toulousaine, les archers gallois avaient en effet commencé à pilonner le gros des troupes, sans grands dégâts néanmoins, malgré le nombre d’adversaire, les traits ne parvenaient pas à atteindre leurs cibles, se fichant dans les pavois et autres écus, sans toutefois faire de victime.
L’impuissance des archers ennemis redonna un peu d’entrain aux toulousains qui poussèrent des cris de satisfactions, galvanisés par leurs officiers, dissimulés un peu partout dans leur formation et qui stimulaient leurs hommes, à grands coups d’injures. Bientôt toute la horde adverse commença à s’activer, les hommes marchant d’un pas plus assurés, presque précipité, tant et si bien que plusieurs tombèrent à l’eau, directement repêchés par leurs compagnons ,ces petits accidents firent rires et n’altérèrent en rien le moral des hommes de Limoux, que du contraire.
Constatant la stérilité de l’assaut, l’intendant de l’ordre, soucieux d’épargner les précieuses munitions de ses archers ordonna de cesser le feu, constatant l’efficacité du tir en cloche sur des ennemis aussi puissamment cuirassés, les auxiliaires quant à eux demeuraient trop éloignés pour tirer ou du moins pour que ces tirs soient utiles, aussi chacun patientait.
En hommes d’action, les vétérans de Gregory de Caen supportaient mal de voir ainsi leurs adversaires paradés, plusieurs se seraient volonté précipiter seul face à la masse adverse, mais l’intendant veillait au grain, tous comme les membres de sa garde qui tempéraient volontiers les ardeurs des simples fantassins.
Gordon et ses cavaliers quant à eux demeuraient immobiles, placides et attendant de pouvoir charger le flanc droit de l’ennemi, les montures cependant semblaient nerveuses, un vent violent s’était soudainement levé, annonçant sans doute un nouvel orage, les animaux agités semblaient vouloir au plus vite les lieux et s’éloigner du fleuve.
Peu à peu l’agitation des bêtes se propagea aux hommes, chacun était anxieux, d’autant plus que ce vent risquait fort de compromettre l’efficacité des traits et que les difficultés rencontrées par les fantassins toulousains semblait annoncer que les montures elles même risquaient d’avoir bien du mal à prendre leurs élans pour l’assaut.
Un grand bruit se fit entendre, chacun au sein de l’ordre se retourna et put voir la bannière de l’ordre s’envolant lestement, l’un des membres de la garde de Gregory tenait toujours la hampe du drapeau, mais celui-ci s’était déchiré, terrible présage qui fit tressaillir chacun.
Une nouvelle fois, le commandant normand su trouver la parade, d’un trait précis il atteignit la bannière encore toute proche, la clouant au sol sous le poids de la flèche, cette dernière tomba à quelques distances des cavaliers, Gordon faisant galoper sa monture l’atteignit, s’en emparant du bout de sa lame. Il marcha ensuite vers les fantassins qui poussèrent des cris d’allégresse, Gregory de sa voix puissante hurla de tirer, cette fois l’ennemi était à porter des auxiliaires aussi bien que des gallois.
D’un même geste, les tirailleurs décochèrent une vague de traits acérés qui cette fois firent un grand effet sur les lignes ennemies, le tir en cloche ayant été délaissé pour le bon vieux tir frontal, malgré le vent, les flèches filaient avec une telle force qu’à condition de ne pas rencontrer les boucliers ennemis, elles clouaient au sol leurs cibles d’un seul coup.
Gregory de Caen s’était joint aux tirailleurs, leur donnant des consignes, il ordonna aux hommes de tirer plus haut qu’ils ne le faisaient, visant les visages des adversaires plutôt que leurs tailles comme c’était le cas de coutume, donnant l’exemple le normand atteignit un adversaire, lui fichant un trait directement dans l’œil. Ce geste déclencha un tollé d’applaudissement du côté des fantassins de l’ordre qui voyaient avec joie près d’une trentaine d’adversaire tombés.
Les toulousains qui déjà progressaient d’un bon pas ne tardèrent pas à augmenter la cadence, courant pratiquement pour atteindre les tirailleurs, se rendant ainsi bien plus vulnérables aux traits, qui tombaient avec une régularité meurtrière, décimant les premiers rangs.
Les officiers toulousains bientôt durent accourir devant leurs hommes afin de leurs ordonner de garder les rangs, se plaçant ainsi dos aux soldats de l’ordre, ce qui valu une mort ignominieuse à beaucoup d’entre des infortunés, sans pour autant que cela ralentisse la progression des hommes de Limoux.
L’armée toulousaine si parfaitement alignée quelques dizaine de minute plus tôt n’était plus maintenant qu’une énorme horde furieuse, ceux qui autrefois n’était que de simple citoyens enrôlés dans la milice, au contact des hommes d’armes s’étaient laissés entrainés dans la terrible frénésie guerrière et à présent couraient eux aussi, pressés de faire couler le sang.
Les nombreux morts qui, terrassés d’un trait rarement mortel tombaient la face la première dans l’eau, évités par les compagnons parfois mais le plus souvent enjambés comme de simples obstacles voir écartés sans ménagement, ils furent légions à périr ainsi noyés par les propres frères d’armes.
La terrible efficacité des gallois avait cependant un prix, car tandis que les ennemis se rapprochaient toujours et de plus en plus rapidement maintenant qu’ils avaient dépassés la partie la plus boueuse de fleuve, les flèches commençaient à se faire plus rares dans les carquois, et déjà plusieurs archers avaient rejoint l’arrière des troupes afin d’obtenir de nouvelles munitions.
Un auxiliaire soudain tomba, le crane réduit en bouillie, non loin de lui un galet pointu était couvert de sang, un autre de ses compères lui aussi mordit la poussière imités par quelques-uns de ses compagnons, quelques toulousains équipés de frondes ayant décidés de faire payer les pertes subies au sein de leurs rangs.
Les morts ne tardèrent pas à être dépouillés de leurs carquois, les traits étant rapidement répartis entre leurs compagnons, en quelques instants les frondeurs, largement en retrait par rapport au gros des troupes furent criblés de traits vengeurs.
Tandis que le vent soufflait toujours de plus en plus fort, les premières gouttes de pluies se mirent à tomber, d’abord lentement, puis de plus en plus nombreuses et violentes, tout comme les cris de guerre des toulousains qui étaient maintenant tout proches.
Shiva lança l’ordre de retraite, les auxiliaires se hâtèrent de courir vers leurs montures, attachées aux arbres, et ils furent nombreux à pouvoir constater qu’a la place de celles-ci, s’étaient des rênes brisées qui gisaient accrochées aux branches des arbres, près de la moitié des chevaux avaient pris la fuite, rendu fous par l’approche de l’orage anéantissant la stratégie des généraux de l’ordre.
Adrian et ses faucheurs avaient bien tentés de rattraper les bêtes en fuites dont le troupeau avait fuis vers le nord, mais ne pouvant abandonner leurs postes, ils avaient été forcés de faire machine arrière, ils n’avaient pu que se placer près des bêtes restantes et tenter de les apaiser, tâche déjà bien difficile alors que leurs propres chevaux n’avaient pour seul envie que de quitter le champs de bataille à leurs tours.
Les auxiliaires disposant encore d’une monture eurent bien du mal à se mettre en selle, mais lorsqu’ils y parvinrent, ils n’étaient guère qu’une vingtaine, Gordon et les siens, furieux d’avoir eu à jouer ce rôle de simple écuyer galopèrent pour se rapprocher du gros des troupes, et malgré le rideau de pluie qui s’abattait sur eux, ils purent constater que la mêlée était sur le point de se déclencher.
Les troupes toulousaines, encore très largement supérieur en nombre, malgré les pertes infligées par les archers, ceux-ci s’étaient placé derrière les rangs de fantassins, et s’étaient pour la plupart déjà préparé à défendre chèrement leurs vies. Précédant de quelques pas ses gardes du corps, Gregory de Caen défiait l’armée ennemie, tenant son arme étrange il longeait les rangs des hommes, leurs criant des paroles de réconforts et les stimulant, quand enfin l’assaut fut imminent, il leva bien haut sa lame en croissant de lune et rugit :

- Pour Saint-Christophe ! Sus !! Repoussez-les !!

Gordon frissonna en comprenant les intentions de son homologue et lorsque ce dernier déclencha la charge, Adrian avait déjà ordonné d’un geste aux auxiliaires à pied de rejoindre le gros des troupes, Shiva et ses vingt cavaliers avaient quant à eux rejoint la formation des faucheurs, privés de munitions ils demeuraient néanmoins des cavaliers légers émérites.
Le lion normand avait donc préférer l’assaut à la défense, suivis de la masse de ses fantassins, il se rua sur les premières lignes adverses en rugissant, visant le centre de la formation adverse, les toulousains chargèrent eux aussi, heureux de pouvoir se débarrasser en premier de l’intendant qui mettait ainsi en péril sa vie.
Pourtant, le général semblait tous sauf en danger, lorsque brandissant son arme étrange, il commença à se frayer un chemin à travers les rangs ennemis, rugissant il frappa d’un énorme coup circulaire qui repoussa les trois hommes lui faisant face, le seul choc de la lame sur leurs écus suffisant à les faire reculer, une seconde frappe beaucoup plus basse faucha trois paires de jambes.
Ignorant ses victimes qui tombèrent d’un même mouvement dans les flots, le normand fit un tour sur lui-même, faisant directement face à deux hommes tenant de le prendre à revers, avant qu’ils n’aient pu se rapprocher suffisamment prêt pour l’atteindre à l’aide de leurs batardes, leurs têtes se décollaient de leurs nuques.
Dans un rugissement, le lion normand accomplit une nouvelle volte, la lame meurtrière suivant les mouvements de son corps et heurtant aussi bien la chair que les pavois des assaillants qui se jetaient sur lui en masse, en un éclair cependant, sa terrible garde d’élite l’entourait, sécurisant ses flancs tandis qu’il se frayait un sanglant passage à travers les rangs toulousains.
Gordon suivait l’évolution du combat, attendant l’instant propice pour charger : celui ou les toulousains immanquablement allaient encercler les troupes de l’ordre, trop peu nombreuses pour réussir à maintenir la ligne de front, il faudrait cependant que les effectifs aient déjà bien diminués pour que ce phénomène ait lieu.
Un éclair déchira soudain la voute céleste, s’abattant sur un grand chêne émergeant de la forêt voisine, l’arbre vénérable s’embrasa tel une gigantesque torche dans un bruit terrible tandis que les montures, totalement affolée devenaient incontrôlables, cherchant à se débarrasser de leurs cavaliers.
Les hommes devaient déployer tous leurs talents pour tenir en selle, mêmes les imperturbables shires succombaient à la panique, les faucheurs armées de leurs faux extrêmement encombrantes avaient surtout du mal à maintenir en place les bêtes.
Essuyant une nouvelle ruade de sa monture, Gordon fulminait, plus le temps passait plus l’orage semblait compromettre cette bataille, les chevaux ne tarderaient pas à devenir totalement inutilisables, jamais ils n’accepteraient de charger dans de telles conditions, déjà ils avançaient à reculons pour s’écarter du fleuve et du vacarme des combats, il fallait agir maintenant ou mettre pied à terre…
Ni une ni deux le colosse poussa sa monture en avant d’un puissant coup dans les côtes, levant sa lame pour indiquer à ses exécuteurs de le suivre, l’écossais imagina un instant à quel point il aurait l’air idiot s’il subissait à ce instant le même funeste destin que l’infortuné chêne…
Abaissant sa lame d’un mouvement rapide, le démon du Nord, suivis à quelques distances par le reste de la cavalerie s’élança, un peu au hasard, la pluie rendant la perception du champ de bataille un peu chaotique, les hommes de l’ordre et les toulousains avaient en effet engagé une mêlée généralisée, dans laquelle il était difficile d’identifier alliés et ennemis.
L’aile droite de l’armée toulousaine était cependant reconnaissable aux couleurs chatoyantes abordées par les combattants de Limoux, ceux-ci étant trop éloigné du centre de la formation étaient sur le point de s’abattre sur le flanc des fantassins de l’ordre, ceux-ci s’étant enfoncés vers le milieu des troupes ennemies, ils avaient déjà commencés à se rabattre vers la gauche, comme emportés par les flots de plus en plus rapides.
Gordon jeta un regard en arrière pour être sur qu’il était bien suivis au moment de pénétrer dans le fleuve, et fut ainsi déconcentré au moment où sa monture s’éleva sur ses postérieurs en signe de protestation, refusant obstinément de continuer sa course, effrayé par les flots tumultueux.
Le gigantesque équidé battant l’air de ses pieds, poussa un hennissement de douleur, une vouge l’atteignant en plein poitrail et lui faisant ainsi perdre l’équilibre.
Adrian n’eut que le temps de sortir ses pieds des étriers et de bondir du mieux qu’il put, un instant plus tard sa monture s’abattait lourdement au sol, l’écossais tomba lui aussi dans l’eau, se relevant rapidement, il fut une seconde aveuglé par la masse de ses longs cheveux, d’un geste vif il repoussa le tout en arrière et sentit une douleur atroce au niveau de son poignet droit. Déboussolé, le colosse aperçut une longue vouge plantée dans son bras, la lame avait transpercé la rondache et atteint l’os, la trajectoire de l’arme devait initialement viser le visage, mais avait rencontré cet obstacle imprévu. Un bruit de lame sortit du fourreau permit au démon du nord d’identifier son agresseur : un solide gaillard aux larges épaules, celui la même qui déjà avait frappé la monture et voulait à présent achever le maitre, son visage rude était illuminé par un large sourire tandis que des longues mèches de cheveux dépassait de son bonnet de maille, il s’approchait doucement, cherchant le moment pour charger. Adrian tenant toujours sa sweihander en main voulu se mettre en garde, mais demeurait incapable de bouger son bras droit, un simple mouvement lui avait causé une douleur insoutenable et l’avait obligé à planter sa lame dans le sol, sans quoi la souffrance l’aurait fait vaciller.
L’adversaire profita de l’occasion, se jetant d’un bond sur l’écossais, bientôt un bruit de bois sec résonna, le vaillant shire, allongé de ton son long dans le fleuve venait de lui asséner un terrible coup de pied, brisant la jambe net, l’homme tomba à son tour dans les flots, non sans quelques hurlements.
Se jetant sur lui le démon du nord lui asséna un solide coup de poings dès que son visage émergea, l’homme sombra à nouveau et sentit bientôt la main du colosse s’agrippant autour de son cou, l’empêchant de remonter à la surface. Pris de panique l’individu chercha bien à se libérer de la poigne de fer mais aucune de ses ruades ne parvint à faire céder la prise de colosse qui au contraire s’appuyait de tout son poids afin d’enfoncer toujours plus loin dans la vase son ennemi. Durant de longues secondes, Adrian lutta de son seul bras valide, non sans s’inquiéter des nombreux toulousains qui, l’ayant identifiés se frayaient un chemin à travers les flots de plus en plus violents.
Non sans regret il dut bientôt lâcher prise, après suffisamment de temps néanmoins pour que l’homme soit mort plusieurs fois, avançant de quelques pas afin de reprendre sa lame, cet effort lui fit grincer les dents, sa lourde cape de fourrure gorgée d’eau pesait un poids fou, tout comme ses mailles et sa chute l’avait bien davantage ébranlé qu’il ne l’avait cru, ses jambes flageolaient et semblaient prêtes à crouler sous son poids. Sentant la longue lance qui était toujours accroché à son bras, le colosse voulu s’en défaire et l’agrippa solidement mais se révéla incapable de l’en extraire à une seule main, trop déboussolé pour savoir comment s’y prendre tandis qu’une dizaine d’ennemis étaient maintenant à quelques pas. Pataugeant jusqu'à sa sweihander, le colosse l’empoigna d’une main et se mit en garde, chancelant sous le poids de l’arme. Cinq faucheurs vinrent fendre en deux la troupe d’ennemis, la charge avait anéantis la majeure partie des ennemis et les rescapés ne vécurent plus qu’un instant. Deux cavaliers vinrent se placer autour de leur capitaine, créant ainsi une muraille de chaire sur ses flancs tandis que le sergent Ulrich mettait pied à terre pour le secourir tandis que les autres faucheurs fusaient de partout, s’engouffrant dans la masse toulousaine en poussant de grands hurlements.
Haletant Adrian put constater que la formation toulousaine initialement si bien organisée avait cédée, les rangs s’étaient éparpillés en fonction des assauts et les vougiers si dangereux pour les cavaliers étaient à présent disséminés un peu partout, laissant ainsi la voie libre aux nordiques. Malheureusement la fougue des exécuteurs leu coutait cher en effet, la horde toulousaine était à ce point facile à percer et à traverser que plusieurs faucheurs se retrouvèrent isolés et totalement encerclés, les guerriers n’avaient ainsi plus qu’à défendre chèrement leurs vies, ou espérer que leurs alliées parviennent à les sauver.
La charge furieuse lancée par Shiva à l’aide des quelques auxiliaires disposant encore de monture permit néanmoins à ces hommes de vivre encore quelques temps, le flanc toulousain déjà bien ébranlé disparut littéralement sous les coups de haches des cavaliers, les fantassins étant trop compacté pour lutter efficacement, les montures les poussant les uns contre les autres et les rendant ainsi vulnérables.
Pendant que les hommes de Gordon décimaient les rangs adverses, ceux de Gregory ne déméritaient pas, que du contraire, malgré l’écrasante supériorité numérique des toulousains les assaillants galvanisés par leur général luttaient tels des fauves.
Adrian, profitant toujours de la protection offerte par ses hommes observa un instant le combat et put admirer la vaillance des vétérans de Gregory, comprenant mieux pourquoi ceux-ci ne portaient que peu de protections, ils étaient en effet insaisissables, préférant l’esquive à la parade.
Les toulousains alourdis par leurs cottes de mailles et leurs armes encombrantes avaient bien du mal à faire mordre la poussière aux agiles guerriers, équipés d’épées courtes et de hachettes, ceux-ci profitaient des maladresses de leurs ennemis pour les atteindre aux endroits les plus vulnérables : la gorge ou le visage. Leurs arts du combat reposait entièrement sur l’esquive et la contre-attaque, pour ce faire ils demeuraient à quelques centimètres de leurs victimes, attendant que ceux-ci fassent une erreur qui leurs seraient fatales.
Le regard de Gordon tomba sur un soldat non loin, armé de deux haches à doubles tranchant et se tenant face à un adversaire munis d’un écus et d’une épée et dont la manière de se mettre en garde dénonçait l’appartenance à la noblesse. D’un seul mouvement le hacheur écarta le bouclier de son adversaire d’une main et de l’autre lui faucha la tête, avant d’anéantir un nouvel adversaire en se servant d’une de ses haches comme projectiles et ce dans le même élan, semblant ne pas réfléchir un instant. Un autre homme de Gregory était en prise avec un vougier, esquivant la pique, il s’accroupit et d’un bond sauta entre les jambes de son ennemi, les lui tranchant au niveau du genou à l’aide de ses glaives, le toulousain s’abattit dans l’eau avec un hurlement, condamné à se noyer par la faute de sa lourde cotte de maille. Gordon fronça les sourcils en constatant que partout les combats tournaient de la même manière, les toulousains ne parvenaient à faire mordre la poussière aux vétérans que lorsqu’ils luttaient en surnombre, auquel cas les suivants de Gregory étaient labouré de coups bien après sa mort, payant ainsi pour ses frères d’armes. Cet acharnement coutait malgré tous de précieuses secondes aux toulousains qui ne tardaient guère à tomber ensuite sous les assauts éclairs des redoutables combattants. L’attention de l’écossais fut détournée par une voix à sa gauche :

-Sire, puis-je ?

Ulrich se tenait aux côtés de son capitaine et désignait du menton la vouge plantée dans le bras de Gordon qui acquiesça d’un mouvement de tête, serrant davantage le pommeau de son épée néanmoins. D’un geste puissant le germain tira la lance, ce qui provoqua un flot de sang impressionnant, le démon du nord poussa un rugissement terrible, s’élevant au-dessus du vacarme de la mêlée et faisant frissonner tous ceux à proximité. Ulrich d’un coup de dague trancha la sangle au bout de laquelle pendait piteusement les restes de la rondache fendue en deux, il voulut ensuite jeter un œil à la blessure mais fut repousser violement par son commandant, qui haletant déclara :

- À l’assaut, que tous les faucheurs se lancent à l’attaque !

Le subordonné lança un regard inquiet vers son supérieur et reçu un soufflet en guise de remerciement pour sa sollicitude, Gordon rengaina sa longue épée dans sa gaine dorsale et s’empara de la lance, estimant l’équilibre de l’arme, il hocha de la tête et décréta avec son autorité naturelle :

- Je prends ta monture, je ne puis combattre à pied avec une seule main.

Ulrich comprenant que ce n’était pas une simple suggestion s’empressa de courir en direction de son étalon, resté placidement à proximité, malgré le chaos des combats, l’attrapant à la bride, il aida d’une main son commandant à se placer en selle.
Adrian donnant du talon trotta de manière à être au niveau des deux cavaliers ayant placés leurs montures en biais pour le sauver et lança la charge, les deux hommes s’écartant suffisamment pour pouvoir manier leurs armes sans risques de blesser leurs alliés.
La formation ennemie ayant été amputée de son flanc droit, elle avait changé au fur et à mesure du combat, si bien que les rangs toulousains formaient à présent un arc de cercle autour des vétérans qui pour leurs parts n’avaient guère de structure, se contenant de se jeter sur les ennemis à portées.
Les cavaliers de Shiva quant à eux harcelaient les arrières des toulousains, empêchant ceux-ci de profiter de leurs surnombres qui n’était à présent plus assuré d’ailleurs, Gregory de Caen et sa garde était pour sa part en prise avec l’unité du Narbonnais.
Gordon choisit d’attaquer les arrières du commandant adverse, il fallait priver les toulousains de leur général et ainsi briser définitivement leurs morals, l’intendant l’avait d’emblée compris, mais les hommes d’armes accompagnant Lionel formaient une véritable barrière d’acier, sur laquelle il se cassait les dents depuis un bon moment.
Les braves des deux gardes d’élites étant équipés de manière similaires et d’une valeur et d’un nombre sensiblement égales, ils avaient bien du mal à se départager l’arrivée du démon du Nord brisa cet équilibre.
Gordon fit une volte le long de la ligne de front, et de sa longue lance parvint à atteindre plusieurs ennemis, visant leurs flancs, l’exercice était périlleux : si la manœuvre était régulièrement pratiqué lors des entrainements des cavaliers, ceux-ci devaient d’une main frapper et de l’autres tenir le pommeau de la selle, de manière à éviter la chute, ce qui était impossible en étant handicapé comme l’était l’écossais.
Il parvint néanmoins à blesser cruellement plusieurs hommes déjà engagés, qui ne tardèrent pas à perdre la vie, ses deux faucheurs quant à eux furent bientôt engagés par les fantassins, qui armé de leurs batardes avaient bien du mal à atteindre leurs proies.
Le commandant et ses suivants furent bientôt contraints à la retraite, reculant devant la horde qui se jetaient vers eux, cette brève intervention suffit néanmoins à faire pencher la balance, bientôt Gregory de Caen en personne parvint à percer la muraille ennemie, et d’un gigantesque moulinet, abattit ceux qui l’entouraient, il faisait à présent face à Lionel le Narbonnais en personne.
Le toulousain fut le premier à attaquer, fonçant bouclier en avant, il chercha à plaquer au sol l’intendant qui d’un bond de côté se mit hors d’atteinte tout en administrant un solide coup à son ennemi, qui bien que protégé par son écu fut rejeté en arrière, un de ses hommes s’interposa entre lui et Gregory qui tentait une frappe d’estoc, cette dernière fut si violente, qu’éraflant le bouclier du fantassin, elle atteignit néanmoins son torse.
Le normand voulut tirer sa lame, mais celle-ci enchevêtré dans les mailles et la chaire de la cote était de plus emprisonnée par les mains du garde qui usant de ses dernières parvint à immobiliser son assassin suffisamment longtemps pour donner l’occasion à son seigneur de frapper.
Ecartant son sauveur d’un coup de bouclier et l’épée en avant le Narbonnais tenta une frappe d’estoc qui se brisa sur le bouclier d’un des gardes de Gregory, ce dernier battit un instant en retraite, le temps que se forme une muraille de bouclier le séparant de son ennemi.
Le seigneur toulousain s’élança sur les hommes de l’intendant avec fureur, frappant les boucliers se tenant devant lui avec rage et soudain vit la muraille s’ouvrir sur sa gauche, il n’eut guère le temps de réaliser la situation que l’intendant surgissait par la brèche, le Narbonnais instantanément leva son écu afin de protéger son flanc et poussa presque simultanément un hurlement de douleur.
La lame recourbée du cimeterre avait taillé la chaire des deux jambes pour arrêter sa course au niveau des os, évitant de peu de démembrer le noble, le chevalier en face duquel le Narbonnais se trouvait en profita pour lui percer l’épaule droite d’un coup d’estoc, le forçant ainsi à lâcher son arme.
Un court instant le toulousain demeura debout malgré ses cuisses cruellement entaillée, il s’abattit en arrière, entrainé par son poids. L’intendant le tira d’une main de l’eau et lui posant sa lame au niveau de la gorge, lui cria d’une voix autoritaire :

-Rendez-vous, cette bataille est perdue de toute façon.

Le narbonnais tournait la tête en tous sens, cherchant du regard la direction d’où proviendrait son salut, mais tout autour de lui les gardes de Gregory avaient repoussés les siens et s’étaient placés de manière à protéger l’intendant.
Les yeux du jeune noble s’abaissèrent en direction de l’eau dont il venait d’émerger et il vit celle-ci rougie de sang, à moitié rendu fou par la douleur provenant de ses jambes, il chercha à se libérer de l’étreinte du lion normand mais celui-ci se contenta d’augmenter la pression de sa lame qui commença à entailler la chaire, il hurla à nouveau :

-Votre réédition ! Vous épargnerez la vie de quelques hommes qu’il vous reste !

Lionel se cabra à nouveau, la vie de ces incapables ne parvenant guère à remporter une bataille en étant deux fois plus nombreux lui importait peu, malheur aux vaincus avait toujours été l’une de ses devises favorites… Jusqu'à ce qu’il rende compte à cet instant qu’il était celui du jour, ses pensées embrouillées convergeaient vers une même interrogation : comment avait-il pu perdre ?

-Votre soumission évitera la destruction de Limoux !

Limoux… La citée qu’il s’était juré de protéger et qu’il avait laissé vulnérable, dépourvue de défenseurs tandis qu’il courait sus aux envahisseurs…

Le Narbonnais n’hésita plus gère et chercha à hurler qu’il se rendait mais sa voix était faible, il chercha à crier plus fort et aux prix d’un effort terrible parvint à articuler un « Oui, je me rends ».

Gregory rengaina sa lame d’un geste vif et souleva le commandant ennemi avec facilité avant de hurler de sa voix de commandement :

-Cessez le combat !

L’appel ne fut guère entendu que par les hommes autour de lui mais ceux-ci engagés dans de terribles corps à corps contre la garde du Narbonnais n’eurent d’autres choix que de continuer à lutter, et malgré l’autorité de l’intendant, le combat faisait toujours rage. Gregory de Caen, trempé jusqu'à l’os et couvert du sang de ses ennemis écumait de rage, il rejeta le commandant ennemi dans le flot, il avait escompté que sa reddition allait mettre un terme à cette bataille mais il n’en était rien, il dégaina sa lame prêt à exécuter son inutile prisonnier dès que celui-ci réapparaitrait quand résonna le son d’un cor.
Eudes et ses hommes accouraient, armés lourdement à l’inverse des leurs compagnons déjà engagés, ses hommes semblaient pressés d’en découdre et levaient hauts leurs armes tout en poussant des cris, leurs arrivées fut saluer d’une gigantesque ovation tandis que du côté toulousain les hommes sentaient leurs tripes se nouer.
Adrian venait tout juste de rejoindre Shiva et les vestiges de la cavalerie, toujours flanqués de ses deux hommes il affichait un sourire triomphant, de sa lance empourprée il désigna les ennemis à ses hommes :

-Notre charge brisera définitivement leur formation et leur moral, mettons un terme à cette bataille…

Ils n’étaient guère qu’une trentaine à rugir derrière lui mais cette masse ne tarda guère à se ruer sur les arrières des toulousains, déjà engagés pour la plupart, malgré les conditions climatiques déplorables et la fatigue, les montures parvinrent à trouver suffisamment de force pour ébranler la masse d’acier et de cuir se tenant face à eux. La charge conjointe des renforts et des cavaliers brisa définitivement l’ardeur des toulousains. Un homme se retrouvant face à deux chevaliers en même temps fut pris de panique et lâcha ses armes, levant les mains au ciel en signe de réédition. Ce geste mit fin au carnage un instant, les chevaliers demeuraient statiques, n’ayant pas reçu d’ordre concernant d’éventuels prisonniers, les toulousains les plus proches quant à eux abandonnèrent vouges et épées à leurs tours, las de cette boucherie à laquelle ils n’étaient pas préparés. Bientôt le mouvement se propagea et le lit du fleuve fut couvert d’acier. Seuls les membres de la garde refusèrent d’abandonner le combat et continuaient à lutter face aux meilleurs soldats de l’intendant mais n’étant plus qu’une poignée, les derniers survivants ne tardèrent pas à être submergés et frappés de toute part. Partout les hommes demeuraient immobiles, cherchant à reprendre leurs souffles ou à interrompre le sang s’écoulant de leurs blessures, d’autres à genoux tenaient d’empêcher leurs tripes de les quitter et d’autres encore priaient, requérant la pitié des cieux que celles des soldats de l’ordre. Les chevaliers avaient stoppés leurs percées dans les rangs adverses et s’étaient réunis, formant un arc de cercle sur l’arrière toulousain, ils demeuraient prêts à frapper, guettant un ordre de leurs commandants.
Le capitaine Gordon pour sa part avait mis pied à terre, un instant plus tôt il tenait toujours en main sa lance, et au bout de cette dernière un homme transpercé de part en part mais toujours en vie, l’homme était fort grand visiblement, même à genoux une partie de son torse émergeait des flots. Le colosse fixa un instant l’homme qui péniblement leva la tête, cherchant à lire une once de pitié dans les yeux de l’écossais et tentant de prononcer des mots qui ne venaient pas. Lentement Adrian tira l’une des épées pendue à son flanc, l’homme tressaillit en entendant le frottement de l’acier, d’une seule main le géant lui décolla le chef avant de rejeter le corps en arrière d’un coup de pieds. Il interrogea les hommes, de sa voix puissante et pleine de rage :

-Ces hommes ont pris la vie de vos frères et vous voulez les épargnez ? Ils vous auraient anéantis s’ils l’avaient pu…

Les cavaliers poussèrent de nombreuses injonctions, partageant l’avis de leur capitaine, chez ces hommes rudes, le sang réclamait vengeance, seule Shiva demeurait muette, observant le commandant écossais de ses yeux froids et semblant ne rien ressentir d’autres que de l’indifférence pour ces vies en suspens.
Gregory de Caen néanmoins semblait d’un autre avis que son homologue, il avait pris place aux cotés des hommes de sa garde et ordonna, ignorant les propos de Gordon :

-Regroupez ces hommes, suffisamment d’hommes sont morts aujourd’hui.

Les hommes demeurant statiques et visiblement déboussolés, il ordonna d’une voix plus puissante :

-Que les derniers arrivants se chargent de garder les prisonniers, ceux qui ne sont pas blessés, allez-vous emparez de tous les cordages disponibles dans le camp ennemis, tout ce qui peut suffire à entraver les poignets, vous l’amenez !

Les membres de la garde se dispersèrent pour montrer l’exemple et motivé les autres chevaliers qui commencèrent à obtempérer, l’intendant parla à nouveau :

-Que ceux qui souffrent de quelques maux profitent des couches de nos adversaires, qu’un cavalier parte sur l’heure pour chercher nos soignants.

Aucun des cavaliers ne bougea néanmoins, ces hommes appartenaient à Gordon qui n’avait toujours pas donné la moindre consigne, Gregory nota ce fait et traversant les flots empourprés, se place face au nordique qui affichait une mine des plus sauvages :

- Je vous en prie Adrian, nos hommes ont besoin de soin, je sais que vous désapprouvez ma conduite mais envoyer un homme ou de nombreux blessés périront…

Gordon haussa les épaules et déclara :

- Si mes ordres ont été suivis, et cela semble le cas vu que Eudes et ses hommes sont parmi nous, l’ensemble de la troupe ne devrait guère tarder, incluant les soignants.

Gregory sembla immédiatement soulagé et afficha un sourire radieux, prenant son homologue par les épaules comme pour l’enlacer, il lui demanda néanmoins d’un ton soudain plus froid :

-Pourquoi m’avoir caché que vous aviez ordonné de lever le siège de Fort Vouivre, et pourquoi l’avoir fait sans mon autorisation ?

Adrian le repoussa de sa main valide et lui tournant le dos, s’agrippa à sa selle et se hissa péniblement tout en expliquant :

-Vouivre n’est plus qu’un tas de cendre, d’après la missive que j’ai reçue hier d’Eudes, tous ceux qui ont cherché à fuir plutôt que de se faire asphyxier ont été anéantis.

Se redressant lentement, il continua :

- Les enfumer était bel et bien la meilleure des solutions, il aurait été dommage de se priver d’une victoire aussi peu couteuse juste car vos officiers sont trop bornés.

Le démon du nord prit la direction du champ toulousain, suivis par ses cavaliers, des faucheurs et des auxiliaires à pieds se joignaient à sa marche tandis que les archers gallois retrouvaient avec joie leur capitaine qui se laissait aller à de grandes embrassades tandis que les hommes dont il avait le commandement quelques instant plus tôt, encerclaient la masse grouillante des prisonniers.
Gregory remarqua avec un froncement de sourcil que ceux-ci étaient bien plus nombreux que leurs gardiens, malgré l’absence d’armes ils étaient encore dangereux… Il demeura longtemps à les observer, malgré le froid qui le faisait grelotter, il attendit l’arrivée des premiers cordages et put voir les toulousains accepter docilement les entraves, présentant leurs mains aux guerriers qui conservaient une mine soupçonneuse et serraient le chanvre plus que de raison.
Son regard s’attarda un instant et il se mit à sourire en voyant la soumission docile de ces hommes et leurs postures soit totalement abattues, ils ressemblaient davantage à une troupe de volailles qu’a des guerriers, les vaincus ne constituaient finalement pas une menace, pas pour des hommes aussi aguerris que les siens du moins.
Il rejoignit son propre prisonnier qui avait réussi à demander à ses geôliers de se faire conduire chez ses propres médecins : les barbiers chirurgiens qu’il avait enrôlés à Limoux. Ces hommes pourtant avaient déjà fort à faire, ils s’étaient en effet rendus au capitaine Gordon qui les avait mis au travail sur l’instant, ses suivants ayant été mis à rude épreuve, il avait quant à lui reporter le moment de s’occuper de sa propre blessure et avait entrepris de s’enivrer avec ses hommes dans la propre tente de Lionel le Narbonnais. Gregory n’entendant pas rentrer en conflit avec l’écossais fit garder son prisonnier dans une autre tente et s’attela à sa tache suivante : l’inventaire des pertes.
Le Narbonnais dut attendre un certain temps avant d’enfin être soigné et panser, ses deux jambes étaient dans un piteux état et le chirurgien avait été obligé de les placer à l’intérieur d’étaux de bois faisant office d’attelle afin d’empêcher le noble de rouvrir les plaies à chaque mouvement, le toulousain n’était plus capable d’exécuter le moindre geste. La blessure reçue à l’épaule inquiétait pourtant davantage le médecin tandis qu’elle semblait bien dérisoire : la lame avait certes percé la maille et la chaire mais sur une surface assez réduite, pourtant l’infection était bel et bien présente et des petites taches jaunes de pus avaient fait leur apparition.
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MessageSujet: Re: Immunité diplomatique   Immunité diplomatique - Page 2 Icon_minitimeMar 11 Sep - 13:30

Plusieurs heures s’écoulèrent, durant lesquelles la pluie ne cessa toujours de tomber l’orage cependant s’en était allé, son départ correspondant environ à la fin des combats. Les hommes s’activaient un peu partout : ceux de Gordon avaient entrepris de rassembler leurs montures dispersées dans les alentours.
Les gardiens des prisonniers avaient entrepris de constituer un assemblage assez étrange de toile destinés à les abriter ainsi que leurs prisonniers. Les archers gallois avaient rejoints le convoi abritant les machines de sièges rescapées du siège de Vouivre et surtout les réserves de boissons et de salaisons, des hommes étaient venus réclamer de l’aide pour désembourber les chariots et les nordiques affamés furent les seuls à se proposer, les soldat de Gregory ignorant superbement les non combattants. Les vétérans étaient d’ailleurs fort occupés à enterrer leurs morts, taches dont ils se chargeaient personnellement, la cérémonie fut longue, chaque homme étant déposé en terre de manière individuelle et tous ceux qui le désiraient pouvaient dire un mot pour son oraison funèbre, les premiers morts furent accompagnés de belles paroles et de vieux souvenirs tandis que les derniers n’avaient droit qu’aux malédictions, chacun étant trempés et épuisés par des heures à rester debout sous la pluie. Lorsqu’Adrian rejoignit l’intendant de l’ordre, l’écossais était solidement ivre, durant des heures il s’était appliquer à ingurgiter les différents crus contenus dans la tente du seigneur de Limoux en compagnie de quelques faucheurs et de Shiva. Lorsqu’enfin il avait accepté qu’on s’occupe de sa blessure, il avait regretté de ne pas avoir bus encore davantage, le chirurgien avait en effet dus gratter l’os du poignet pour extraire des fragments de bois et de mailles, les décoctions préparés par le chirurgien n’apaisait guère la douleur et le nordique avait donc bus à nouveau, jusqu'à ce qu’un homme se présente à lui et l’informe que Gregory disposait des chiffres de la journée. Le colosse pénétra dans la tente du commandant avec difficulté, Shiva se tenait pourtant à ses côtés afin de le soutenir mais la marche sur le sol boueux demeurait laborieuse, il se laissa lourdement tombé sur un gros coffre de bois contenant le matériel de guerre de Gregory, ce dernier sans un mot lui tendis une carte au dos de laquelle il avait retranscrit les pertes de chaque camps. Un rapide coup d’œil suffit à faire dire au highlander :

- 112 prisonniers… Cela fait beaucoup de bouches à nourrir et surtout une sacrée gêne, comment allons-nous faire pour garder tout ça ?
-
L’intendant répondit sur un ton morne, tout en se levant afin de se rapprocher d’un petit brasero :

- Vu le nombre de blessé, je pense qu’ils seront moitié moins nombreux lorsque nous arriverons à Limoux, ils seront toujours assez pour nous faire ouvrir les portes de la ville.

Adrian ne répondit pas, l’esprit trop enviné pour suivre le raisonnement de son collègue qui ne s’en offusqua pas et développa son plan :

- Si nous leurs offrons les survivants ainsi que la possibilité de d’enterrer leurs morts, tout en promettant de diminuer leurs taxes, les habitants de Limoux non seulement accepteront notre occupation mais nous aiderons à reprendre quelques forces et nous éviterons un siège supplémentaire.

Trop ivre de vin autant que de fatigue pour dresser ses habituelles objections, Gordon se contenta de remarquer :

- Près de cinq cents ennemis sous terre, une centaine de prisonniers et une ville qui nous ouvre ses portes par-dessus le marché… Tout cela pour à peine cent-cinquante pertes cela semble trop beau pour être vrai…

La remarque fit se crisper le visage de l’intendant, lui donnant une dureté impressionnante, sa voix pourtant n’était pas marquée de colère mais plutôt d’une lassitude certaine :

- Je trouve plutôt que c’est bien cher payé, nous avons perdus pas mal d’officier de valeur, et bons nombres d’hommes qui me servaient depuis des années et dont je connaissais les compétences et qui seront impossible à remplacer.

Il marqua une pause, semblant réfléchir et continua :

- Vous avez-vous-mêmes perdus cinq de vos faucheurs, et surtout la moitié de vos fameuses bêtes…
-
Gordon haussa les épaules et répondit d’un ton enjoué :

- Vous savez que vous n’avez pas l’air d’un général victorieux ? Vous avez l’air d’un boulanger.

Gregory fronça les sourcils et regarda son collègue avec incrédulité avant de constater qu’habillé d’une simple chemise et de chausses blanches et surtout les pieds nus, il ne lui manquait guère qu’une toque pour compléter l’ensemble, il fut pris d’un rire soudain qui s’éternisa, ayant perdu le control de ses nerfs, il continua à pouffer tout en buvant du vin à même une cruche qu’il tendit à Gordon en lui répondant :

- Comment pouvez-vous portez les mêmes habits continuellement ? ils sont trempés et vous puez la vase et le sang.
-
D’humeur visiblement joyeuse, l’écossais corrigea :

- Et le cheval surtout, et le sang de cheval à vrai dire.

Il sembla s’assombrir un peu et remarqua :

- Vous avez quand même raison que cela m’ennuie pour mes chevaux, ces bêtes méritaient une retraite paisibles vu les efforts qu’elles avaient fournis ces derniers temps…

Gregory ne releva pas et demanda :

- Comment pouvez-vous être aussi indifférent au sort de vos hommes ? Vos faucheurs par exemple, c’est pour vous qu’ils ont donnés leurs vies…

Adrian tout en faisant tourner le vin dans sa cruche répondit :

- Vous y allez un peu fort, et puis il n’y en a que cinq qui sont morts, vous avez perdu le triple de vos chiens de gardes et eux c’est près de vous qu’ils ont été tués, les miens étaient un peu partout.

Il attendit une réponse qui ne venait pas et continua :

- Par contre, d’habitude je récupère des remplaçants chez les auxiliaires mais ils ne sont plus bien nombreux, et s’il y a autant d’exécuteurs que d’archers, ça n’a plus de gueule… Je pourrais enrôler quelques un des officiers dont Renald ne voulait plus, non ?

Gregory affichait une mine septique et commença à ranger ses armes qui avaient été déposées à même le sol et dont le fil risquait bien d’être altéré par un trop long séjour dans la boue :

- Ces hommes étaient en première ligne comme le désirait le maitre, ils sont beaucoup moins nombreux qu’auparavant, et puis je ne suis pas certains qu’ils soient volontaire pour vous servir.
-
Adrian se leva péniblement et s’appuyant de tout son poids sur la frêle Shiva, conclut la conversation :

- Bah, ils n’auront pas le choix, on tirera les noms au sort et leurs annoncera ca demain.

Le colosse disparut dans la nuit, laissant Gregory seul et d’humeur moins maussade.

Le lendemain matin, tandis qu’un soleil déjà haut séchait un brin la terre, l’ensemble de l’armée apprit que de nombreux officiers accédaient à un grade supérieur, et se retrouvaient incorporés au sein de l’unité des exécuteurs du commandant Adrian Gordon. Les hommes de Gregory souriaient tandis que les auxiliaires affichaient une grise mine, rejoindre les faucheurs étaient habituellement l’ambition de chacun d’eux, le démon du nord entouré de ses gardes patientait tandis que Gregory tirait les noms des officiers qu’il avait choisis durant la nuit précédente, favorisant le hasard en ne notant que cinq noms tandis que quinze candidats étaient prévus.

- Damien de Gand

Un homme émergea de la foule, visiblement indifférent à son sort, il semblait n’avoir pas dormis de la nuit et ses traits tirés ne manifestèrent pas la moindre émotion lorsqu’il eut à choisir entre la faux que lui présentait Ulrich et la claymore que tenait Eudes. Il choisit finalement la première qui était plus grande que lui, l’homme était en effet d’une stature plutôt commune, il reçut des mains de Gordon sa nouvelle tunique. Son regard croisa celui de l’écossais qui adoptait à nouveau son humeur habituelle : froide et susceptible, estimant que le nouveau faucheur le dévisageait trop longuement, il lui asséna un soufflet du revers de la main et l’homme rejoignit les rangs en se massant la joue mais sans avoir dit un mot.

- Benjamin et Simon

Les deux hommes se tenant côte à côte, ils émergèrent des rangs en même temps, si le premier était plutôt commun, bien que son visage porte les marques de la vérole, le second était extrêmement frêle et son visage anguleux dégageait une certaine féminité. Ces deux soldats étaient frères selon eux, mais la rumeur voulait que des liens plus charnels les unissent, lorsque le second avait été envoyé rejoindre Gregory à la suite d’une altercation avec des hommes de la garde de fer, son « frère » l’avait suivis.
Les deux hommes choisirent la claymore, choix qui semblait étonnant de la part de Simon qui pourtant maniait l’épée longue avec une adresse indéniable et sa virtuosité seule lui avait permis de ne pas faire face aux mépris des autres chevaliers mais d’être l’objet d’un certains respect, malgré son allure et ses manières. Simon s’inclina devant Gordon lorsqu’il reçut sa tunique et fut imité par son frère, ils rejoignirent ensuite le reste de la garde, affichant une mine réjouie, sachant pertinemment que nul n’osait braver les terribles exécuteurs.

- Le bossu, viens ici.

L’homme qui sortit de la masse était effectivement difforme, une proéminence gigantesque ornait son dos, Gordon serra les poings en voyant le drôle de bestiaux qu’on lui destinait, il se tut néanmoins, sachant à quelle fréquence il devait renouveler les rangs de ses faucheurs, Gregory lui dit néanmoins dans l’oreille :

- Le maitre me l’a envoyé car il avait mis en déroute plusieurs chevaliers castillans en train de déshonorer une fille qui se prétendait nonne et qui d’après ses vêtements l’était, les castillans se sont plaints, et le voilà ici.

Trop focalisé sur la bosse, l’écossais n’avait pas remarqué que l’individu était qui plus est de petite taille, sans être un nain, il n’était guère grand et avait l’air particulièrement minable devant Ulrich lorsqu’il prit la faux de guerre, il se retrouva ensuite face à Gordon qui le toisait d’un regard méprisant, un homme dans la foule cria :

- La fine fleur de la chevalerie au service de Lord Gordon !

Avant même que quiconque ai compris ce qu’il se passait, le bossus se jetait dans la masse des soldats et ruait tous ceux devant lui en servant de la hampe de son arme comme d’un gourdin, les hommes faisant mine de se défendre, Adrian rugit :

- Celui qui tire l’épée contre un de mes exécuteurs la tire aussi contre moi !

Le bossu stoppa son attaque, non sans avoir mis plusieurs hommes à terre et avoir cassé quelques nez, il accourut vivement vers l’écossais et déclara :

- Vous inquiétez pas pour moi commandant, j’ai une bosse mais ils en auront plus qu’une s’ils essayent de jouer avec moi !

Gordon sans quitter des yeux l’énorme protubérance donna sa tunique à l’individu et lui désigna les rangs d’un mouvement du menton. L’écossais regarda sa nouvelle recrue clopiné et se faire une place entre deux faucheurs qui le surplombait largement, Adrian haussa les épaules, se disant que du haut d’un Shire cet énergumène serait aussi grand que n’importe qui.

Gregory de Caen s’éclaircit la voix et parla :

-Enfin, le dernier exécuteur sera Ceri de Glamorgan

Un silence régna un instant, Gordon demeurait stupéfait, lorsque le gallois sortit des rangs s’était davantage de la rage que de la stupeur qu’il affichait, il déclara :

- Je refuse, je suis à vos ordre commandant, pas à ceux du capitaine Gordon.

Le dit capitaine s’enflamma, irrité par le ton arrogant du lieutenant :

- Vous êtes un soldat et vous obéirez ou vous mourrez sur l’instant.

Gordon lui lança au visage sa tunique et s’en alla, Eudes et Ulrich s’approchèrent à leur tour de Glamorgan pour qu’il choisisse son arme mais le gallois s’écarta avec un geste de mauvaise humeur et quitta sans le moindre mot.

La cérémonie s’acheva sur cette note, Gregory seul affichait une mine satisfaite, estimant que la froideur du démon du Nord envers la vie de ses hommes méritait bien cette petite vengeance, il sourit largement avant de penser à la tâche qui l’attendait : les négociations concernant la reddition de Limoux, poussant un grand soupir l’intendant rejoignit Lionel le Narbonnais.
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